En 100 ans, le corps de la femme parfaite est devenu de plus en plus éloigné du corps de la femme « ordinaire ».
Au cours des dernières décennies, les deux images opposées de la femme, la voluptueuse et la longiligne, se sont mélangées pour créer la « femme parfaite » : un corps impossible, d’une minceur quasi malsaine, exhibant des seins plus que généreux.
Résultat : la femme « ordinaire » est de plus en plus insatisfaite de son corps.
Voici, décennie par décennie, l'évolution de la femme parfaite, aussi parfaite qu’inaccessible, tel qu’encensé par les médias et recensé par le site rehabs.com, spécialisé dans les traitements de la dépendance et des troubles alimentaires.
1910 : la Gibson Girl
La Gibson Girl est l’invention de l’illustrateur américain Charles Dana Gibson, qui l’a pourvue de tous les idéaux de beauté féminine en cours en ce début de siècle.
La Gibson Girl est une jeune femme grande et mince, dotée d’une poitrine et de hanches voluptueuses, une impossibilité physique rendue possible grâce à l’utilisation de corsets enserrant la taille et le torse.
Ce qui n’était au début que la vision d’un artiste a vite été personnifiée par des mannequins et des actrices dont, entre autres, Camille Clifford.
Camille Clifford fut l’une des plus fameuses Gibson Girls. Elle est devenue « la » Gibson Girl après avoir remporté un concours lancé par un magazine.
1920 : la garçonne
Adieu corsets et formes voluptueuses, voici la garçonne des années 20, une jeune femme immature, légèrement vêtue, au comportement moderne et amoral.
La garçonne fume, conduit, porte les cheveux courts, bref, elle est tout ce que la femme victorienne n’était pas. Son apparence est un peu masculine, androgyne, ses seins sont minuscules (on les aplatit s’il le faut) et sa silhouette est droite, sans corset ni courbe. Elle exhibe même ses chevilles, ses genoux, ses jambes et ses bras nus.
La garçonne se noircit les yeux et porte du maquillage (les ventes de cosmétiques montent en flèche à cette époque). Elle est souvent bronzée et mince et affiche un air sportif.
Cet idéal a poussé beaucoup de femmes des années 20 à se mettre au régime et à l’exercice pour atteindre cet idéal.
1930 : l'ère Mae West
Les années 30 voient un retour vers des formes beaucoup plus voluptueuses. L’icône parfaite de cette époque est la vedette d’Hollywood Mae West, dont les hanches et la taille sont mises en valeur grâce à des vêtements des plus moulants.
1940 : la femme en temps de guerre
Après un bref détour du côté des formes voluptueuses à la Mae West, la femme parfaite revient à un style plus traditionnel, guerre oblige.
Les cheveux courts demeurent, mais les jupes s’allongent et le tour de taille prend une allure un peu plus naturelle. Les épaules sont soulignées et les lignes en général suivent les contours du corps plutôt que de les déguiser.
Avec l’effort de guerre et la rareté de certains tissus, les vêtements féminins deviennent plus pratiques. On demande même aux femmes de recycler les habits de leurs hommes pour en faire des vêtements féminins.
La publicité présente des femmes aux formes plus souples que celles de la garçonne et le look trop maigre est rejeté d’emblée. En fait, c’est l’une des rares époques où l’image des célébrités, comme Rita Hayworth, est presque à portée de main de l’Américaine moyenne.
1950 : la femme sablier
C’est l’époque des sex-symbols popularisés par les films d’Hollywood. Marilyn Monroe, Jane Mansfield et Brigitte Bardot ont toutes en commun une taille de guêpe surmontée d’une poitrine des plus généreuses.
Les tissus étant plus facilement accessibles qu’en temps de guerre, les choix se diversifient, les produits de beauté aussi. À tel point que les femmes sont dorénavant « obligées » de les utiliser. Plus question de quitter la maison sans s’être soigneusement maquillées et habillées.
1960 : la femme brindille
En cette ère de révolutions en tous genres, dont sexuelle, la femme sablier se fait détrôner par la femme brindille, dont la silhouette, mince et androgyne, n’est pas sans rappeler celle de la garçonne des années 20. Le mannequin Twiggy incarne à merveille ce changement de perceptions du corps féminin idéal.
Au contraire des Marilyn Monroe de la décennie précédente, elle n’a presque pas de poitrine, ses cheveux sont courts et son allure garçonne.
Parallèlement survient le look hippie, avec ses cheveux longs et droits, qui redonnait un peu ses droits à la femme sablier, comme en témoignent des actrices célèbres telles que Jane Fonda et Sophia Loren.
1970 : la femme mince
La femme brindille est toujours à l’honneur dans les années 70, à tel point que la santé des femmes commence à s’en ressentir. On parle de plus en plus d’anorexie dans les médias. Les pilules pour maigrir à base d’amphétamines sont de plus en plus populaires et dangereuses.
La chanteuse américaine Karen Carpenter est l’exemple parfait de cette anorexie rampante et meurtrière chez les femmes, elle qui s’est mise au régime au point de s’affamer de nombreuses fois et d’en mourir, en 1983.
Malgré cette course à la minceur, la femme parfaite des années 70 n’est pas décharnée, elle est mince et elle ressemble à l’actrice Farrah Fawcett. Ses cheveux sont longs, son maquillage, « naturel » et son corps est long et musclé.
1980 : la superfemme
L’idéal de la minceur persiste, mais l’on insiste de plus en plus sur la bonne forme physique. On aime les corps musclés (mais pas trop). Les émissions télé et les vidéocassettes de mise en forme par l’aérobie sont très tendance après que Jane Fonda a démarré le bal en 1979. Bref, la femme n’est plus obligée de s’affamer pour maigrir, voici qu’elle n’a qu’à bouger.
La femme idéale est de plus en plus grande, de plus en plus mince. La mode s’empare des vêtements faits de matériel élastique épousant le corps : collants, leggings, guêtres de danseuse et jupes courtes ont la cote.
Les supermodèles, comme Naomi Campbell, Cindy Crawford et Claudia Schiffer, abondent. Les mannequins de Playboy pèsent, du moins 60 % d’entre elles, 15 % de moins que le poids normal d’une femme « normale » de taille identique.
Bo Derek incarne l’idéal de femme longue, féminine, séduisante et musclée à la fois des années 80.
1990 : la femme squelette
Pour contrebalancer toutes les femmes hâlées, saines et musclées des années 80, apparait au début des années 1990 l'« héroïne chic », incarnée à la perfection par la mannequin Kate Moss.
Peau pâle, structure osseuse angulaire, membres très fins, l’idéal se concentre désormais sur la minceur et l’apparence squelettique des corps.
Au fil des années, cet idéal devient encore plus exagéré. Les femmes doivent à la fois être terriblement minces tout en arborant une poitrine immense. Bref, elles doivent ressembler à Pamela Anderson.
2000 : la femme impossible
Que voilà une décennie difficile pour les femmes qui doivent tenter de ressembler à Keira Knightley ou à Natalie Portman.
Sinon, il leur reste toujours le choix de se métamorphoser en mannequins de Victoria’s Secret…
2010 : un peu de tout?
Quel constat fait le site rehabs.com de l’évolution du corps féminin idéal depuis 1900? Le poids et les proportions des icônes féminines populaires, tels que mesurés selon l’indice de masse corporelle (IMC), sont restés, pendant plusieurs décennies et de façon constante, en deçà de ceux de l’Américaine moyenne.
Dans les années 50, Marilyn Monroe avait un IMC de 20 et l’Américaine moyenne, un IMC de 25.
Dans les années 60, Twiggy avait un IMC d’à peine 15, contre 25,2 pour la femme moyenne.
Au cours des années 2000, l’IMC de l’Américaine moyenne a atteint 27,5, pendant que mannequins et actrices devenaient de plus en plus minces…Avec l’arrivée de plus en plus fréquente de femmes rondes dans la publicité, on peut espérer qu’un jour, bientôt, le balancier finira par s’équilibrer et que la femme parfaite sera, non plus celle dont on rêve, mais celle que l’on est.
Vous aimerez aussi :