La crise des surdoses d'opioïdes, dont le fentanyl, toucherait particulièrement les hommes travaillant dans la construction, selon la régie de la santé Fraser Health. Les autorités tentent de déterminer comment intervenir auprès de cette communauté.
C’est la première fois depuis le début de la crise, il y a plus d’un an, qu’un groupe est ciblé pour une intervention.
Selon sa médecin en chef, la docteure Victoria Lee, Fraser Health se base sur les statistiques du coroner qui comprennent notamment l’âge, le sexe et l’occupation des victimes.
C’est une épidémie cachée, où 70 % sont des hommes de 19 à 59 ans qui meurent dans une résidence privée.
La Dre Lee soutient que si le lieu des morts était connu depuis longtemps, les autres informations n’ont été rendues disponibles que dernièrement.
Elle ajoute qu’une bonne partie des victimes occupe un emploi lié à l’industrie de la construction. En conséquence, dit-elle, la régie a communiqué avec les employeurs et les services de formation afin d’atteindre le plus de gens possible.
Gérer la douleur hors du système de santé
Il n’y a pas que la population touchée qui a été identifiée par la régie de la santé Fraser Health. Parmi les causes trouvées par les autorités, la douleur semble être la plus importante.
La Dre Lee rapporte que les personnes souffrant d’invalidité sont particulièrement touchées.
[Il y en a] qui ont reçu des opioïdes sous prescription pour atténuer la douleur qui se sont ensuite tournés vers les produits illégaux.
Le problème de la douleur s’applique aux travailleurs de la construction indique le directeur de leur association (BC Building Trade), Tom Sigurdson. S’il ne savait pas que la crise touche spécifiquement son secteur, le syndicaliste reconnaît que l’industrie est à risque à cause des blessures.
On entend les histoires de [travailleurs] qui, pour gérer leur douleur, se tourne vers la rue quand leur prescription [d’opioïdes] se termine… Les résultats sont horribles.
Il ajoute que plusieurs travailleurs prennent des médicaments pour contrôler la douleur plutôt que d’en traiter la source, ce qui les pousse parfois à se tourner vers des sources illicites.
M. Sigurdson indique que la nature de l’industrie est l’une des raisons qui poussent les travailleurs à traiter la douleur plutôt que sa source. Il soutient que les emplois sont disponibles à court terme et que les travailleurs doivent être prêts lorsque les entreprises le sont s’ils veulent toucher un salaire.
Selon lui, les médecins sont parfois prompts à prescrire des opioïdes comme le fentanyl au lieu de se tourner vers la physiothérapie ou d’autres modes de traitement des blessés.
Il insiste toutefois pour dire que les travailleurs de la construction aux prises avec une dépendance ont accès à des services spécialisés au sein même de leur syndicat.
Les autorités de la santé, précise la Dre Victoria Lee, ont déjà annoncé la tenue en septembre d’un atelier visant à trouver des solutions.
Avec les informations de Geneviève Milord et Farrah Merali