La saison estivale est loin de donner du répit aux refuges pour itinérants qui débordent à Québec depuis le début juillet. Ils sont obligés de refuser des dizaines de personnes chaque nuit. Une situation critique, plaident plusieurs organismes.
À Lauberivière, une vingtaine de personnes se sont butées à un refus d’hébergement chaque jour, de lundi à jeudi. L’organisme compte 39 lits destinés aux hommes et aux femmes en situation d’itinérance. Du jamais vu à cette période-ci de l'année, observe le directeur général.
« Ce sont des débordements record. Malheureusement, j’utilise souvent ce mot-là depuis l’an passé », lance Éric Boulay.
Je ne sais pas pourquoi. Ce que je sais, c’est que des gens actuellement dorment dehors comme jamais on en a vu dans la ville de Québec.
Même son de cloche à l'Armée du Salut. Son refuge du Vieux-Québec déborde maintenant la majorité du temps soit 200 jours par année. Les 48 places en chambre, les 12 lits en dortoir et les 3 lits de camp de débordement sont occupés.
« Les cas d’interventions sont plus difficiles, ajoute Annick Papillon, directrice adjointe, relations publiques, gouvernementales et développement. On a des personnes qui viennent dans nos centres d’hébergement sont plus atteintes. »
Ça fait 200 jours par année finalement ou ces personnes-là, on les renvoie à la rue et elles ont probablement besoin d’aide ou de passer la nuit au chaud.
Difficile d'expliquer la raison de cette pointe. La fermeture estivale du refuge de la Maison Revivre peut expliquer en partie la situation. « Ils étaient fermés aussi les autres années et on n’a jamais connu un débordement comme ça », tempère Éric Boulay. Selon lui, l'itinérance augmente sans cesse depuis le tournant des années 2000 et les crises du logement récurrentes. La réduction de services sociaux peut aussi expliquer en partie la crise.
L'itinérance, ce n'est plus seulement un homme alcoolique chronique dans la cinquantaine. C’est monsieur et madame Tout-le-monde, des gens de la classe moyenne, des gens en perte d’autonomie, des jeunes et de plus en plus de femmes aussi.
Lauberivière pourrait accueillir plus de personnes. Une quinzaine de lits sont déjà installés dans des locaux situés dans son immeuble de la rue Saint-Paul. Or, l'organisme n'a pas l'argent pour embaucher les ressources nécessaires pour accueillir et accompagner les bénéficiaires. Un montant qu'Éric Boulay estime à 600 dollars par nuit. Il en coûterait 10 000 dollars pour ouvrir pendant certains moments de pointe durant l'été.
« La problématique de l’itinérance va sans cesse en croissant. On ne peut pas continuer à développer de façon irresponsable. En ajoutant des lits, il faut s’assurer d’avoir du personnel qualifié », insiste-t-il.
En attente d'une solution à long terme
Les refuges de Québec avaient fait une sortie publique conjointe en mars dernier pour demander une unité d'urgence à Québec, avec des intervenants qualifiés pour répondre à la demande correctement, et c'est toujours, selon eux, la meilleure solution pour éviter ces débordements.
« Il y a quelque chose qui coince en ce moment », avance Annick Papillon.
« Je trouve ça étrange, ajoute Éric Boulay. Ça me questionne un peu honnêtement. »
Avec les informations de Marie-Michelle Lacroix